Face à aux contingences de raréfaction des produits brassicoles depuis plusieurs semaines au Cameroun, plusieurs syndicats sont montés au créneau afin de dénoncer, et de faire menaces de hausse de prix des boissons, notamment la bière, afin d’inverser la situation. Ce 12 mai 2022, le MINCOMMERCE a adressé une correspondance au Président du SYNDEBARCAM, afin de rappeler les garde fours juridiques en termes d’homologation : « Faisant suite à votre correspondance dont les références sont rappelées en marge, par laquelle vous « m’informez » de votre décision de procéder à un réajustement des prix de vente des boissons dans vos bars à compter du 1er juin 2022 à 00 H 00 et me communiquez la « Nouvelle grille tarifaire par typologie des débits de Boissons et Bars au Cameroun », J’ai l’honneur de vous rappeler ce qui suit : La bière, au même titre que les eaux minérales et les boissons hygiéniques, fait partie de l’Arrêté Nº0095/MINCOMMERCE du 14 avril 2022, des produits dont les prix et tarifs sont soumis à la procédure d’homologation préalable et non à celle du dépôt préalable des barèmes. Votre correspondance procède par conséquent, de ce point de vue, à une confusion des procédures. Elle est dès lors irrecevable ; En matière d’homologation préalable des prix, la procédure, qui obéît à des règles très précises, réserve le soin de la saisine de l’Administration en charge des prix soit au producteur, soit à l’importateur, selon le cas, à charge par la suite à la Commission Centrale des Prix d’examiner la demande d’homologation et de soumettre son avis motivé à la sanction du Ministre en charge des prix ».
Toutefois, le MINCOMMERCE a émis des observations, et a consacré des garanties sur le respect des prix et leur contrôle sur le territoire national selon les textes en vigueur : « Il reste constant que sous réserve de la procédure sus-décrite, le prix de la bière demeure inchangé au Cameroun. Je prends néanmoins note, avec le plus grand sérieux, de la double préoccupation que vous exprimez, en l’occurrence la raréfaction des produits brassicoles chez les distributeurs et la majoration des prix par ces derniers, en violation flagrante de la loi. Des dispositions nécessaires seront prises pour y remédier ».
Le plaidoyer des Producteurs & Distributeurs
Dans une lettre adressée le 11 mai au ministre du Commerce Luc Magloire Mbarga Atangana, le président national du Syndicat national des débits de boissons et bars du Cameroun (Syndebarcam), Hervé Nana, annonçait une hausse des prix des boissons à compter du 1er juin 2022. Selon la nouvelle grille communiquée, la hausse devrait être comprise entre 100 et 500 FCFA, selon le type de boissons et le lieu de consommation.
Avec cet ajustement des prix, les tenanciers des débits de boissons et bars disaient pourtant vouloir se conformer aux dispositions de la loi régissant l’activité commerciale au Cameroun qui interdit de vendre un bien à un prix inférieur à son prix de revient effectif. Pour justifier la hausse du prix de revient des boissons, Hervé Nana pointe la raréfaction des produits brassicoles qui empêcherait les bars d’atteindre le quart de leurs objectifs journaliers en vente de boisson alors que leurs charges d’exploitations demeurent incompressibles (loyer, salaires, électricité et eau, impôts, taxes, droits d’auteurs…).
« Les distributeurs qui sont nos principaux fournisseurs sont, jusqu’à date, incapables de nous donner une explication sur cet état des faits ; plus grave, certains en profitent pour nous vendre quand ils en ont, les produits en majorant le prix du casier pratiquement de 1000 FCFA. Toute chose couplée au coût additionnel de transport des casiers du fait de la décision des distributeurs de ne plus livrer à destination, ce qui nous oblige pratiquement à vendre à perte », ajoutait le président du Syndebarcam dans sa correspondance au Ministère compétent.
Aidée par le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), la CAPA (Association des Producteurs des Boissons alcoolisées) mène un plaidoyer depuis le mois de mars dernier pour une augmentation des prix des boissons. Au cours de la concertation organisée le 18 mars 2022 à Yaoundé, entre le gouvernement, les opérateurs économiques et la société civile, le Gicam a plaidé pour une augmentation de 8% des prix aux consommateurs. À en croire la principale organisation patronale du Cameroun, cette révision des prix de « 50 FCFA TTC sur un prix public conseillé de 650 FCFA la bouteille de 65 cl » permettra de compenser 28 milliards de FCFA sur des surcoûts d’importation de 35 milliards de FCFA enregistrés entre 2020 et 2022 par les sociétés brassicoles du pays.