Le président Paul Biya, grand architecte de la démocratie moderne au Cameroun, a franchi une étape irrévocable de son œuvre au début des années 1990 en promulguant les textes de lois consacrant les libertés d’association. Dans cette perspective, il instaura le multipartisme pour permettre la libre association des Camerounais au sein des diverses formations politiques, et renforcer l’unité nationale. Mais, hélas, il resta incompris par l’immense majorité des membres de sa chapelle politique, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC).
D’où le rappel à l’ordre du 21 juillet 2006, lors du 3e congrès extraordinaire du RDPC. « La distinction entre l’administration et le parti n’est pas évidente pour tous. Dois-je rappeler que nous ne sommes plus à l’ère du parti unique ? », recadrait le président Paul Biya dans son discours d’ouverture et de politique générale. Malheureusement, 15 ans après, Célestine Ketcha Courtès, le ministre de l’Habitat et du Développement urbain (Minhdu), et présidente de la section RDPC Ndé-Nord, persiste et signe dans des errements dignes d’un excès de zèle. Dans une correspondance datée du 8 novembre 2021, elle adresse pratiquement une demande d’explication au préfet, représentant de l’Etat dans le département du Ndé, région de l’Ouest.
« Nous sommes dans le regret de constater avec amertume, qu’aucune disposition sécuritaire n’a été prise, notamment en ce qui concerne la marche de soutien pour notre champion, sur l’itinéraire allant de la permanence du parti à la place des fêtes, lors que les commodités pratiques avaient été mises à votre disposition, pour accompagner l’encadrement des forces de maintien de l’ordre », écrit Célestine Ketcha Courtès. Dans la même veine elle remet en cause la neutralité affichée du préfet du département du Ndé.
« L’opinion publique du Ndé reste assez perplexe quant à la perception que vous avez de la collaboration avec notre grand parti », s’enfonce Célestine Ketcha Courtès. Incroyable ! Dans le ton, l’on perçoit nettement que le destinateur fait des remontrances à son destinataire pour manquement à un code éthique. Cette nouvelle étourderie est-elle imputable à une formation insuffisante ? Non. L’époque du parti unique étant révolue, les supérieurs hiérarchiques de cette dame devraient prendre toutes les mesures pour rétablir l’équilibre nécessaire au fonctionnement de la République.