Selon le document, la vaccination cible essentiellement les enfants âgés de 6 mois au 31 décembre 2023 pour la première dose et, selon le calendrier vaccinal en vigueur, pour les doses suivantes. Quelque 249 133 nourrissons sont concernés pour cette première année. « Nous commençons donc avec les enfants qui sont nés au plus tôt le 1er juillet 2023 », précise Dr Brice Edzoa Essomba, coordonnateur régional du Programme élargi de vaccination (PEV) pour le Centre.
Le vaccin sera administré selon un schéma à quatre doses (6 mois, 7 mois, 9 mois et 24 mois) dans 42 districts de santé dans « toutes les formations sanitaires publiques et privées » des 42 districts de santé sélectionnés par le PEV et le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), selon le communiqué du Minsanté. Ces districts de santé ont été choisis car, ils ont les plus forts taux de morbidité et de mortalité, apprend-on. Dans la région du Centre, le vaccin sera, pour un début, administré dans les districts de santé de Soa et de Mfou (Mefou-et Afamba), ainsi qu’à Yoko, dans le département du Mbam-et-Kim.
Pour cette campagne, c’est le vaccin antipaludique RTS, S (de son nom commercial Mosquirix), développé par le géant pharmaceutique britannique GSK avec l’appui de Gavi, l’Alliance du vaccin, qui sera administré. Ce vaccin a été choisi à date par le pays « en raison de sa préqualification qui offre les garanties de qualité, d’efficacité et de sécurité pour son utilisation dans les programmes de vaccination », affirme le Minsanté. Le 21 décembre 2023, le Cameroun a réceptionné une première cargaison de 331 200 doses de vaccin antipaludique, comme outil additionnel de contrôle de cette maladie dans le pays. Le pays doit recevoir au total près de 1,3 million de doses.
En rappel, le paludisme est endémique au Cameroun, où le risque de la maladie et de décès chez les enfants de 0-59 mois est le plus élevé. En 2022, la maladie a représenté 29,6% de toutes les consultations dans les formations sanitaires. Plus de 3,3 millions de cas ont été rapportés cette année-là pour 2 481 décès, dont principalement les enfants de moins de 5 ans, selon les données du PNLP. Le ministre Manaouda Malachie affirme que le vaccin vient renforcer le dispositif de lutte contre le paludisme et réduire la morbidité et la mortalité dues à cette maladie.
Barrer la voie au paludisme en Afrique
Un enfant de moins de cinq ans meurt du paludisme pratiquement toutes les minutes. En 2021, 247 millions de cas de paludisme ont été recensés dans le monde, et 619 000 patients en sont morts ; 77 % de ces décès concernaient des enfants de moins de cinq ans, la plupart en Afrique. Avec 95 % des cas mondiaux de paludisme et 96 % des décès liés à cette maladie en 2021, le continent africain est celui qui est le plus lourdement touché par le paludisme.
Le Burkina Faso, le Libéria, le Niger et la Sierra Leone devraient aussi quant à eux, recevoir 1,7 million de doses du vaccin RTS,S dans les semaines qui viennent, et d’autres pays africains devraient à leur tour recevoir des doses dans les mois à venir. En effet, plusieurs pays en sont maintenant à l’étape finale de préparation pour l’introduction du vaccin antipaludique dans leurs programmes de vaccination de routine, et les premières doses devraient être administrées au cours du premier trimestre 2024.
L’introduction d’un nouveau vaccin dans les programmes de vaccination essentiels doit faire l’objet d’une préparation très complète : formation du personnel de santé, investissement dans les infrastructures, les équipements et les capacités de stockage des vaccins, mobilisation et demande des communautés, mise en place progressive de la nouvelle vaccination en l’intégrant aux autres vaccinations et interventions de santé. Le vaccin antipaludique présente une difficulté supplémentaire : il doit être administré selon un schéma en quatre doses, ce qui nécessite une planification encore plus minutieuse.
Depuis 2019, le Ghana, le Kenya et le Malawi administrent le vaccin dans certains de leurs districts, selon un schéma à quatre doses qui débute vers l’âge de 5 mois. Ces districts avaient été sélectionnés pour le programme pilote, connu sous le nom de Programme de mise en œuvre du vaccin antipaludique (MVIP). Dans ce cadre, plus de 2 millions d’enfants ont été vaccinés contre le paludisme dans ces trois pays africains, ce qui a entraîné une baisse spectaculaire (13 %) de la mortalité, toutes causes confondues, chez les enfants en âge de recevoir le vaccin, ainsi qu’une réduction substantielle des formes graves du paludisme et des hospitalisations. Le programme pilote a montré par ailleurs une forte adhésion à la vaccination antipaludique, sans réduction de l’utilisation des autres mesures de prévention du paludisme ou de l’utilisation des autres vaccins. Le MVIP est coordonné par l’OMS en collaboration avec PATH, l’UNICEF et différents partenaires ; il est financé par Gavi, le Fonds mondial et UNITAID, et les doses ont été données par GSK, le fabricant du vaccin RTS,S.