Au Kenya, ce 27 juin 2024, Nairobi a connu un jour de nouvelles tensions. Malgré l’annonce, la veille, par le président William Ruto du retrait de la loi de finances, un appel à la mobilisation a été maintenu. Cette loi provoque, depuis dix jours, une vive contestation qui a culminé le 25 juin avec des manifestations réprimées dans le sang. Certains Kényans ont quand même décidé de descendre dans la rue, ce jeudi, même si la mobilisation est restée modeste. Et pour cause : depuis le matin, le déploiement des forces de l’ordre dans la capitale est spectaculaire.
Une centaine de manifestants se sont regroupés dans le centre-ville. Ils ont été rapidement dispersés par la police qui utilise des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. C’est une sorte de jeu du chat et de la souris qui s’est mis en place : les manifestants se regroupent, la police les chasse, ils se regroupent ailleurs, et ainsi de suite.
Un retrait qui ne calme personne
Le président kényan William Ruto a annoncé, mercredi 26 juin, le retrait du projet de budget 2024-25 prévoyant des hausses de taxes, à l’origine d’une puissante contestation dans le pays qui a sombré mardi dans une violence meurtrière. « Après avoir écouté attentivement le peuple kényan, qui a dit haut et fort qu’il ne voulait rien avoir à faire avec ce projet de loi de finances 2024, je m’incline et je ne promulguerai pas le projet de loi de finances 2024, qui sera par conséquent retiré », a déclaré William Ruto dans un discours au lendemain d’une journée de manifestations sévèrement réprimées contre le texte.
L’organisme officiel de défense des droits humains, la Kenya National Human Rights Commission (KNHRC), avait recensé 22 morts dans le pays, dont 19 à Nairobi, « plus de 300 blessés et plus de 50 arrestations », a indiqué sa présidente, Roseline Odede. « Après l’adoption du projet de loi, le pays a été témoin d’une large expression de mécontentement à l’égard du projet de loi tel qu’il a été adopté, qui a malheureusement entraîné des pertes de vies humaines et des destructions de biens », a ajouté le chef de l’État.
« Une opération de communication », a immédiatement réagi sur X une des figures de la contestation, Hanifa Adan. « Le projet de loi est retiré mais allez-vous rendre la vie à tous ceux qui sont morts ?? », a également écrit cette journaliste et militante, qui avait plus tôt dans la journée appelé à une marche blanche pacifique à la mémoire des victimes jeudi. « N’oubliez pas. Ne pardonnez pas », avait-elle ajouté.