« C’est le moment pour moi d’en appeler, une fois de plus, à la responsabilité des pays amis qui hébergent les commanditaires et des organisations qui financent et animent, par divers canaux, les bandes armées dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest », déclarait le président Paul Biya, le 31 décembre 2020. « Tous ceux qui, au terme des enquêtes, seront identifiés comme donneurs d’ordres ou complices de ces crimes odieux, devront répondre de leurs actes », poursuivait-il, lors de son message à la Nation à l’occasion de la fin d’année 2020 et du nouvel an 2021. Une déclaration qui produit des fruits au quotidien.
Les commanditaires du terrorisme dans les régions Nord-Ouest et le Sud-Ouest continuent d’être cueillis les uns après les autres. Le 5 septembre 2025, le département américain de la Justice a annoncé l’arrestation de deux citoyens américains d’origine camerounaise. Il s’agit de Benedict Nwana Kuah, 51 ans, et Pascal Kikishy Wongbi, 52 ans. Tous les deux sont accusés par un tribunal fédéral du Minnesota d’avoir organisé, financé et dirigé des enlèvements, des attentats à la bombe et des meurtres au Cameroun depuis les États-Unis.
Les accusés sont membres des «Ambazonia Defence Forces (ADF)», bras armé du mouvement sécessionniste dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Pour la Justice américaine, «ils auraient utilisé leurs positions pour collecter des fonds et financer l’achat d’armes et auraient ordonné à leurs complices au pays d’enlever, de poser des bombes et de tuer des civils, des représentants du gouvernement et des membres des forces de sécurité afin d’intimider la population civile». Ainsi, en 2023, Benedict Nwana Kuah a financé un attentat à la bombe lors de la Course de l’espoir, qui a fait 19 blessés. La même année, un commandant nommé par ce dernier a assassiné deux civils non armés sur une place de marché, tandis que Pascal Kikishy Wongbi apparaissait dans une vidéo de propagande menaçant d’autres personnes du même sort. En 2024, Benedict Nwana Kuah aurait aussi pris part à un attentat à la bombe lors d’une fête de la jeunesse qui a tué une jeune fille de 15 ans et blessé des dizaines d’autres enfants. On les soupçonne également d’avoir mobilisé des fonds pour l’achat d’armes et de munitions. Ce, dès 2017. L’acte d’accusation évoque de nombreuses vidéos réalisées par les concernés et publiées sur Internet dans ce sens. D’où l’accusation de conspiration en vue de tuer, d’enlever, de mutiler et de blesser des personnes à l’étranger, de conspiration en vue de fournir un soutien matériel ou des ressources et de conspiration en vue de blanchir des instruments monétaires. Pour Donald Holstead, directeur adjoint de la division antiterroriste du FBI, «bien que ces actes violents aient eu lieu en dehors des frontières américaines, ces inculpations devraient souligner que les acteurs criminels ne peuvent pas se cacher aux États-Unis». Derrière ces nouvelles arrestations se trouvent l’implication de Me Emmanuel Nsahlai et son cabinet d’avocats, engagés depuis des années au plan judiciaire dans la traque des financeurs d’actes terroristes.













