La Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase) qui a enquêté sur l’ampleur de la pédocriminalité en France, a publié ses conclusions accablantes, estimant à 216 000 le nombre de victimes mineures de clercs et de religieux depuis 1950, soit 4% des victimes d’abus sexuels en France sur la même période. Le nombre de prédateurs est évalué entre 2 900 et 3 200 hommes, prêtres ou religieux, entre 1950 et 2020. 1,2% des personnes ayant fréquenté l’Eglise durant l’enfance ont été victimes d’attouchements, d’agressions sexuelles ou de viols. C’est davantage que dans les autres milieux fréquentés par les mineurs, comme les colonies de vacances, l’école, les clubs sportifs ou artistiques. Le rapport de la Ciase renseigne que les violences sexuelles sur mineurs dans l’Eglise touchent très majoritairement les garçons, spécifiquement de 10 à 13 ans. Le pape François a réagi dès la publication du rapport dont il a appris le contenu avec douleur.
« Ses pensées se tournent en premier lieu vers les victimes, avec un immense chagrin pour leurs blessures et gratitude pour leur courage de dénoncer. Elles se tournent aussi vers l’Eglise de France, afin que, ayant pris conscience de cette effroyable réalité (…) elle puisse entreprendre la voie de la rédemption », a déclaré Matteo Bruni, le porte-parole du Vatican, évoquant devant des journalistes la réaction du pape. « Je désire exprimer aux victimes ma tristesse, ma douleur pour les traumatismes subis, et aussi ma honte, notre honte, ma honte pour une trop longue incapacité de l’Eglise de les mettre au centre de ses préoccupations », a déclaré le souverain pontife au cours de l’audience générale du 6 octobre 2021. « Je prie, et prions tous ensemble, à toi Seigneur la gloire, à nous la honte. C’est le moment de la honte », a poursuivi l’évêque de Rome.
Les « silences » et les « défaillances » de l’Eglise catholique face aux actes de pédocriminalité commis en son sein depuis les années 1950 présentent un « caractère systémique », a estimé la Ciase dans ses conclusions. « La commission a longuement délibéré et elle est parvenue à une conclusion unanime : l’Eglise n’a pas su voir, n’a pas su entendre, n’a pas su capter les signaux faibles », a confié Jean-Marc Sauvé, le président de la Ciase.