Selon nos confrères du Figaro, c’est juste après l’annonce du palmarès de la 19e Biennale d’architecture, couronnant du Lion d’or le pavillon du Bahreïn pour son installation «Heatwave», qu’est tombée, samedi, la nouvelle de la mort de Koyo Kouoh, à seulement 57 ans, bouleversant la Biennale d’arts à venir en 2026.
« La Biennale de Venise est profondément attristée et consternée d’apprendre la mort soudaine et prématurée de Koyo Kouoh, commissaire en charge de l’exposition internationale de la 61e Biennale d’art qui doit s’ouvrir le 9 mai 2026. Son décès laisse un immense vide dans le monde de l’art contemporain » peut-on lire sur le communiqué officiel de la biennale.
À la tête du musée d’art contemporain Zeitz Mocaa en Afrique du Sud, la suisso-camerounaise avait réussi à imposer sa vision du monde dans les arts visuels notamment, et l’art contemporain en extension, suivant de nombreuses expressions. Née à Douala, au Cameroun, elle a grandi en Suisse, à partir de 13 ans. Y fait les études qui mènent aux métiers de la banque et des affaires. Avant de tout quitter pour Dakar, où elle fonde Raw Material, un centre d’art, qui se plie en quatre pour mener des programmes curatoriaux, pédagogiques, sociaux, théoriques, critiques, et sans oublier des résidences d’artistes.
Deuxième Africaine seulement à diriger la légendaire exposition d’art après le critique d’art nigérian Okwui Enwezor, Koyo Kouoh a travaillé avec passion, rigueur intellectuelle et vision à l’édition 2026, a ajouté la Biennale. Elle devait en présenter le titre et le thème le 20 mai prochain à Venise.
RAW Material Company, à Dakar au Sénégal, lui a rendu hommage samedi, la décrivant comme une « source de chaleur, de générosité et de génie » qui « disait toujours que les gens sont plus importants que les choses ». En 2001 et 2003, elle avait aussi été la commissaire des Rencontres photographiques de Bamako au Mali.
De plus, Koyo Kouoh a placé le Zeitz MOCAA à la pointe de l’art contemporain, en promouvant le panafricanisme et des artistes du continent, et de sa diaspora. La question de se concentrer sur l’art africain « ne se posait même pas », alors que le discours sur le continent reste largement « défini par d’autres », avait-elle expliqué lors d’un entretien avec l’agence France Presse en 2023 : « L’Afrique est pour moi une idée qui dépasse les frontières. C’est une histoire qui dépasse les frontières. » Une grande exposition qu’elle a dirigée, When We See Us, sur un siècle de peinture figurative panafricaine, est actuellement visible, jusqu’au 10 août 2025, au Bozar à Bruxelles, en Belgique.
En annonçant sa désignation en Décembre 2024, pour diriger la légendaire exposition d’art vénitienne, le président de la Biennale, Pietrangelo Buttafuoco, avait loué « une curatrice, une érudite et une figure publique influente » qui allait rassembler « les intelligences les plus raffinées, jeunes et novatrices » pour l’événement, qui se tient depuis 130 ans.
Celle que le New York Times désignait en 2015 comme l’une des plus importantes conservatrices d’art d’Afrique, avait reçu le Grand prix suisse d’art/Prix Meret Oppenheim, en 2020.