Le technocrate mauritanien a été élu président de la Banque africaine de développement avec 76,18 % des voix au troisième tour face à des candidats coriaces, notamment le Zambien Samuel Maimbo (20,26 %) et le Sénégalais Amadou Hott (3,55 %).
Selon les procédés électoraux à la Banque Africaine de Développement (BAD), le vainqueur devait obtenir à la fois, la majorité des votes des 81 pays membres et la majorité des votes des 54 nations africaines qui font partie de la BAD. Ce vote intervient à un moment crucial pour l’Afrique. La BAD, principal bailleur multilatéral, doit accélérer la transition énergétique, financer les infrastructures et soutenir l’adaptation climatique. Le nouveau président Ould Tah devra redéfinir la stratégie face à l’instabilité financière mondiale.
Par ailleurs, Sidi Ould Tah, prendra ses fonctions le 1er septembre 2025 pour un mandat de cinq ans, à la fin du deuxième mandat de l’actuel président de nationalité nigériane, le Dr Akinwumi Adesina.
Un économiste chevronné
Diplômé en économie de l’Université de Nice-Sophia Antipolis en France et titulaire d’un doctorat dans le même domaine, Sidi Ould Tah a débuté sa carrière dans le domaine public mauritanien.
L’ancien ministre mauritanien de l’Économie a déjà occupé le poste de Directeur Général de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), basée à Khartoum, au Soudan.
Il a également suivi des programmes de leadership à Harvard aux États-Unis, à la London Business School et au Swiss Finance Institute. Polyglotte, il parle arabe, français, anglais, et possède des notions de portugais et d’espagnol. Il évolue avec aisance dans les milieux diplomatiques et financiers internationaux. Son accession au sommet de la BAD, n’est donc pas une si grande surprise, pour les avisés du secteur financier international.
Sa pratique au sein des affaires économiques s’est affinée très vite. Il est notamment passé par la Banque mauritanienne pour le développement et le commerce, puis par la Commission de sécurité alimentaire, avant d’être propulsé directeur administratif et financier de la mairie de Nouakchott à seulement 23 ans. Il enchaîne avec un passage remarqué au port autonome de Nouakchott.
En 1996, Ould Tah se concentre sur sa perspective internationale. Il rejoint l’Autorité arabe pour l’investissement et le développement agricole à Khartoum, avant d’intégrer en 1999, la Banque Islamique de Développement (BID) à Jeddah en Arabie Saoudite, où il occupe divers postes stratégiques durant sept ans. Il y apprend les subtilités du financement structuré, renforce son réseau dans les capitales du Golfe, et s’impose comme un relais crédible entre l’Afrique et le monde arabe.
En 2006, il rentre en Mauritanie et devient conseiller économique à la Présidence, puis auprès du Premier ministre. En 2008, il entre au gouvernement comme ministre de l’Économie et des Finances, un portefeuille qu’il conserve sous différentes formes jusqu’en 2015. À ce poste, il pilote les réformes macroéconomiques, modernise la gestion budgétaire et structure les grands projets d’infrastructures avec l’appui des bailleurs internationaux. Il incarne alors une Mauritanie technicienne, tournée vers la rationalisation et l’attractivité
Un mandat sous le prisme de l’intégration et de la rigueur
Le nouveau président de la BAD a affirmé après son élection qu’il était honoré de prendre la tête de cette institution, exprimant sa profonde gratitude à tous ceux qui l’ont soutenu. “Les défis qui s’annoncent sont nombreux mais s’annoncent passionnants. Ensemble, nous mènerons cette mission avec détermination et ambition au service de la transformation de l’Afrique”, a-t-il souligné sur son compte Twitter (actuel X).
Connu pour sa discrétion, sa rigueur intellectuelle et son engagement envers les questions de développement, Sidi Ould Tah aura de nombreux défis. L’annonce récente du retrait des États-Unis par Donald Trump ,de leur contribution au Fonds africain de développement, estimée à 500 millions de dollars, aura pour conséquence, la limitation de l’intervention de la BAD dans des pays à faibles revenus.