C’est au bord du lac Kivu dans l’une de ses résidences, que les discussions ont eu lieu. Présent dans la capitale du Nord-Kivu depuis quatre jours, l’ancien Chef d’État a reçu des représentants des chefs religieux. Selon son équipe, l’échange a pris la forme d’une séance de questions-réponses, qualifiée de cordiale, sans discours formel, en présence d’une dizaine de personnes.
Ces consultations s’inscrivent dans une série de consultations citoyennes, annoncées par l’équipe de Kabila, qui visent à recueillir les préoccupations et propositions des forces vives face aux défis sécuritaires dans l’Est de la RDC. Vendredi 30 Mai 2025, d’autres personnalités locales, y compris des responsables politiques, administratifs, sécuritaires, et des représentants d’organisations de la société civile, ont été reçues en audience par l’ancien dirigeant congolais.
Après ces diverses consultations, Joseph Kabila prévoit de tenir une conférence de presse à Goma. Certainement pour donner la température et le condensé des échanges, dans le but de proposer un accord de paix au bénéfice de la région orientale du pays.
Une atmosphère politique très fragile
Ce retour de Joseph Kabila sur la scène nationale, a été amplifiée par une méfiance du gouvernement Tshisekedi. D’abord une visite de Joseph Kabila à Goma en marge de la crise et nouvelle guerre entamée depuis 2024 entre les rebelles du M23 et le pouvoir à Kinshasa. Cette démarche le rendant complice aux yeux du régime. Enfin, son absence de protection juridique, vis a vis de sa perte d’immunité.
En effet, le Sénat de la République démocratique du Congo a prononcé, jeudi 22 mai 2025, la levée de l’immunité parlementaire de Joseph Kabila, ouvrant la voie à des poursuites judiciaires contre l’ancien président et sénateur à vie, accusé d’être complice du groupe armé M23.
Joseph Kabila, âgé de 53 ans aujourd’hui, a dirigé ce vaste pays d’Afrique centrale pendant dix-huit ans entre 2001 et 2019. Il a quitté le pouvoir avec le titre de sénateur à vie et une immunité parlementaire. Son successeur et actuel président, Félix Tshisekedi, l’accuse d’être complice du groupe armé antigouvernemental M23 affilié au Rwanda, dans un contexte de conflit.
L’Est congolais, région riche en ressources minières et naturelles et frontalière du Rwanda, est déchiré par des conflits depuis trente ans. Les violences se sont intensifiées ces derniers mois avec la prise de contrôle par le M23, soutenu par Kigali et son armée, des grandes villes de Goma et Bukavu, capitales des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
L’auditeur général près la haute cour militaire congolaise accuse Joseph Kabila, de participation à un mouvement insurrectionnel, trahison, participation à des crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Depuis son départ du pays en 2023, l’ancien Président congolais avait créé la surprise en début d’année 2025, annonçant son retour au pays passant par sa partie orientale. Dans la foulée, ses propriétés avaient été perquisitionnées par la Justice congolaise. Sa levée d’immunité est perçue par de nombreux observateurs, comme une décision politique.