La Cawof rejette ainsi totalement les nouveaux prix fixés, selon ses membres de manière arbitraire alors que le gouvernement justifie cette deuxième hausse des prix, en l’espace d’un an, par « la nécessité de résorber les contraintes budgétaires croissantes auxquelles l’État est confronté et d’éviter les tensions dans l’approvisionnement du marché national en produits pétroliers ». Il faut dire que selon les autorités, la subvention destinée à soutenir la consommation des produits pétroliers a atteint 1 000 milliards de FCFA en 2022, avant de redescendre à 640 milliards de FCFA en 2023, à la faveur de la première hausse des prix à la pompe intervenue le 1er février 2023.
Malgré ces explications, la dizaine de confédérations syndicales membres du Cawof « se réservent le droit d’appeler les travailleurs à se mobiliser pour une grève générale » en l’absence de « réponse positive du gouvernement aux revendications ». Et déjà, le Cawof appelle les unions départementales à « suspendre leurs participations à toutes les réunions concernant l’organisation de la 138e Fête internationale du travail qui pourrait être boycotté en cas de non prise en compte des revendications des confédérations syndicales ».
Il s’agit précisément des unions départementales de la Confédération syndicale des travailleurs du Cameroun, de la Confédération des syndicats autonomes du Cameroun, de l’Union des syndicats libres du Cameroun, de la Cameroon Confederation of Workers Trade Union, de la Confédération entente nationale des travailleurs du Cameroun, de la Confédération des travailleurs unis du Cameroun, de la Confédération camerounaise du travail, de la Confédération générale des syndicats des travailleurs du Cameroun, de la Confédération générale du travail-liberté, de la Centrale syndicale du secteur public et de la Confédération des syndicats indépendants du Cameroun.
Depuis le 3 février, de nouveaux prix sont pratiqués à la pompe, sur décision du gouvernement. Le litre de super coûte désormais 840 FCFA contre 730 FCFA auparavant, tandis que le litre de gasoil est passé à 828 FCFA, contre 720 FCFA précédemment. L’augmentation opérée est de l’ordre de 15% par rapport aux prix jusque-là pratiqués, soit 110 FCFA et 108 FCFA d’augmentation respectivement. Une situation que dénoncent les syndicats membres de la Cawof. Ceux-ci pointent des hausses qui viennent s’ajouter à des contraintes fiscales imposées par la loi de finances 2024 et à « des politiques libérales menées depuis plusieurs décennies qui ont dilué progressivement et inexorablement le pouvoir d’achat des travailleurs ».
Pour préserver le pouvoir d’achat, le gouvernement envisage, comme l’an dernier, de mettre en œuvre, à brève échéance, des mesures d’accompagnement. Il s’agit de la revalorisation de 5% du salaire de base des agents publics, l’ouverture du dialogue avec le secteur privé sur le Smig (il est de 41 875 FCFA dans le public et 60 000 FCFA dans le privé), l’allègement de certaines charges fiscales et douanières dans le secteur du transport routier.
« Le gouvernement fera tout ce qui est possible pour que l’usager camerounais puisse vivre convenablement. Parce que nous sommes dans une perspective de travail décent (…). Nous nous tenons à la disposition des partenaires sociaux à qui nous avons déjà demandé de nous faire des propositions sur lesquels nous allons travailler », rassure pour sa part le ministre du Travail et de la Sécurité sociale. Grégoire Owona qui s’est exprimé le 6 février 2024 lors d’une conférence de presse organisée par le gouvernement sur l’augmentation des prix des carburants.
Cette nouvelle hausse des prix à la pompe était attendue. Dans son discours de fin d’année 2023 à la nation, Paul Biya prévenait déjà que pays n’aurait « très certainement pas d’autre choix » que de la réduire de nouveau la subvention et donc d’augmenter les prix. Il faut savoir que le Cameroun s’est engagé, dans le cadre de son programme avec le Fonds monétaire international (FMI), de réduire les subventions aux produits pétroliers, en augmentant les prix à la pompe, afin de créer un espace budgétaire pour financer les investissements productifs et les dépenses sociales. Une nouvelle hausse des prix des carburants est prévue en 2025, année de la fin du programme économique et financier triennal (juillet 2021 – juillet 2024) avec le FMI après sa prorogation d’un an avec le gouvernement camerounais le 17 novembre 2023.