La France confirme son alignement sur la position marocaine sur le dossier du Sahara occidental. La ministre française de la Culture Rachida Dati a qualifié d’historique sa visite, dans le territoire non autonome et disputé, estimant qu’elle « démontre que le présent et l’avenir de cette région s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine ».
« C’est la première fois qu’un ministre français vient dans les provinces du Sud », a déclaré Rachida Dati, en utilisant la terminologie employée par le Maroc pour désigner ce territoire au statut non défini à l’ONU, peu après son arrivée à Laayoune pour lancer un centre culturel français. Le Sahara occidental, vaste zone désertique, est une ex-colonie espagnole, contrôlée à environ 80 % par le Maroc mais revendiquée depuis 50 ans par les indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie.
Fin juillet 2024, le président français Emmanuel Macron avait apporté un soutien appuyé à un plan d’autonomie du territoire « sous souveraineté marocaine » proposé par Rabat, rompant avec la position traditionnelle française favorable au processus de l’ONU, et provoquant une grave crise avec Alger.
Un référendum d’autodétermination a été prévu par l’ONU lors de la signature d’un cessez-le-feu en 1991 mais ne s’est jamais concrétisé. En octobre 2024, une résolution du Conseil de sécurité soutenue par 12 des 15 membres, a appelé à une solution « réaliste et mutuellement acceptable » au Sahara occidental.
Lors d’une visite fin octobre au Maroc, Emmanuel Macron avait promis l’engagement « diplomatique » de la France pour pousser la solution marocaine sur le Sahara occidental à l’ONU et au sein de l’Union européenne.
Selon Rachida Dati, l’antenne de l’Alliance française prochainement installée à Laayoune sera « une ouverture sur le monde, sur la France, avec des activités culturelles, notamment dans l’apprentissage de la langue, avec des échanges d’artistes, avec des parcours éducatifs ».
« Nous souhaitons que cette Alliance française devienne un lieu phare dans notre coopération France et Maroc », a déclaré la ministre, en évoquant un « aspect symbolique » et son « attachement » personnel au Maroc, dont est originaire son père. En compagnie de son homologue marocain, Mehdi Bensaïd, Rachida Dati s’est aussi rendue à Dakhla, à 500 kms au sud de Laayoune, pour donner le coup d’envoi à une annexe de l’Institut supérieur des métiers du cinéma Ismac.
Selon un communiqué du ministère de la Culture marocain, la visite des deux responsables « revêt une dimension politique après la reconnaissance par la France de la pleine souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud ».
L’Algérie condamne la visite
« La visite est condamnable à plus d’un titre. Elle traduit un mépris insigne de la légalité internationale de la part d’un membre permanent du Conseil de sécurité » de l’ONU, a affirmé le ministère algérien dans un communiqué : « Elle aide à la consolidation du fait accompli marocain au Sahara occidental, territoire où un processus de décolonisation reste inachevé et où l’exercice d’un droit à l’autodétermination demeure inaccompli. »
Cette « visite malvenue renvoie l’image détestable d’une ancienne puissance coloniale solidaire d’une nouvelle », a poursuivi le ministère : « Ce faisant, le gouvernement français se disqualifie davantage et s’isole par rapport à l’action des Nations unies visant à hâter un règlement du conflit du Sahara occidental sur la base d’un strict respect de la légalité internationale. » En octobre 2024, une résolution du Conseil de sécurité soutenue par douze des quinze membres a appelé à une solution réaliste et mutuellement acceptable.