La sélection nationale de la République centrafricaine traverse une période d’incertitude. Alors que la Fédération centrafricaine de football (FCF) avait désigné un nouvel entraîneur pour diriger les Fauves du Bas-Oubangui, le ministère des Sports a confirmé Rigobert Song à ce poste. Ce bras de fer administratif intervient à quelques semaines des éliminatoires de la Coupe du Monde 2026.
La nomination de Rigobert Song ne fait toujours pas l’unanimité. Le technicien camerounais a signé son contrat Lundi 3 mars 2025, et a été officiellement confirmé par le ministère des Sports. Ce désaccord entre les deux instances plonge la sélection dans une confusion totale.
Alors que cette querelle administrative se prolonge, les Fauves du Bas-Oubangui doivent se préparer pour des rencontres décisives. Ils affronteront Madagascar le 19 mars, puis le Mali le 24 mars, dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du Monde 2026. Faute de stade homologué par la FIFA à Bangui, ces matchs se joueront à Casablanca, au Maroc. Nommé sélectionneur des Fauves du Bas-Oubangui par le ministre des Sports, Rigobert Song avait pourtant été reçu par le président Faustin-Archange Touadéra. Une audience en haut lieu d’après nomination, qui dessinait pourtant un apaisement entre les deux institutions centrafricaines.
Une nomination politique qui divise
L’annonce de l’arrivée de Rigobert Song à la tête de la sélection centrafricaine continue de faire grand bruit. Ancien capitaine emblématique des Lions Indomptables du Cameroun, Song possède une solide expérience sur le banc, après avoir dirigé la sélection camerounaise, avec une participation du Cameroun au Qatar, lors de la Coupe du Monde 2022. Cependant, sa nomination par le ministère des Sports n’avait pas été validée par la Fédération centrafricaine (FCF), qui conteste la légitimité de cette décision.
La FCF rappelle que « les nominations des membres de l’encadrement sont des droits et compétences réservés uniquement aux comités exécutif des fédérations ». L’ancien sélectionneur des Lions Indomptables du Cameroun, 48 ans, a été nommé sélectionneur manager de l’équipe de Centrafrique par un arrêté signé par le ministre des Sports Rodolphe Héritier Bonheur Doneng Wazoumon.
Le technicien camerounais succède ainsi à Raoul Savoy, limogé en Octobre 2024 et dont l’intérim était assuré depuis par Eloge Enza Yamissi, ancien capitaine des Fauves. Sélectionneur du Cameroun depuis début 2022, son contrat n’avait pas été renouvelé après une décevante Coupe d’Afrique des nations (CAN) en janvier 2024 en Côte d’Ivoire, où les Lions indomptables avaient été éliminés dès les huitièmes de finale par le Nigeria.
Cette situation crée un véritable imbroglio institutionnel, où deux pouvoirs s’opposent : le politique et le sportif. En attendant la prise de poste de Rigobert Song, c’est Eloge Enza-Yamissi, ancien international centrafricain, qui prépare actuellement l’équipe pour les échéances cruciales à venir au Maroc.
Une conciliation en perspective ?
Selon plusieurs sources, Rigobert Song a drastiquement réduit le montant du salaire qu’il devait empocher. En effet, alors que son prédécesseur percevait un salaire de 6 millions de FCFA, Rigobert Song a fait l’effort de ne toucher que 4,5 millions de FCFA par mois. Il s’est engagé pour une durée de deux ans, avec une option de renouvellement. Sa mission principale sera de qualifier la Centrafrique pour la Coupe d’Afrique des nations 2027 (CAN 2027).
Selon certaines indiscrétions, l’ancien capitaine des Lions Indomptables du Cameroun dirigera le staff technique des Fauves avec l’assistance d’Éloge Enza-Yamissi (sélectionneur intérimaire et choix initial de la Fédération pour le poste), Sébastien Ngato et Éric Cabalero.
Un épisode déjà vécu sur le continent
Plus proche de la RCA, un pays ami : Le Cameroun. À l’issue de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) organisée au Cameroun début 2022, Samuel Eto’o avait obtenu le renvoi du sélectionneur portugais Antonio Conceiçao, pour nommer Rigobert Song, son ancien coéquipier.
En avril 2024, après le parcours décevant des Lions indomptables lors de la CAN organisée en Côte d’Ivoire en janvier, Narcisse Mouelle Kombi avait désigné le Belge Marc Brys au poste de sélectionneur, entouré d’un staff technique, médical et administratif validé par la présidence de la République. Et visiblement, la pilule n’était pas passée pour Samuel Eto’o.
L’ancien attaquant du FC Barcelone avait, dans un premier temps, refusé de valider la désignation de Marc Brys et de l’encadrement choisi par le ministère. Puis, Samuel Eto’o avait finalement reconnu l’entraîneur belge et deux de ses adjoints (Joachim Mununga et Giannis Xilouris), mais a nommé son propre staff technique, médical et administratif. La hache de guerre avait été enterrée entre la Fédération et le Ministère des Sports, sous les bons offices de la Présidence de la République, qui avait finalement validé le staff de la FECAFOOT.