« Le Cameroun s’est reconnu dans les décisions qui ont été prises. Nous avons participé aux discussions. Ce qui nous a plu, c’est qu’un certain nombre d’innovations, notamment en matière de financement de l’économie, ont été prises. L’une de ces initiatives, c’est qu’on puisse revoir l’allocation de ce qu’on appelle les droits de tirage spéciaux pour que l’Afrique ait quand même une bonne part de ce qui a été prévu. Jusque-là, il est prévu à peu près 33 milliards de dollars pour l’Afrique », a résumé Louis Paul Motaze, le ministre des Finances (Minfi), représentant personnel du chef de l’Etat au sommet de Paris, le 18 mai. S’il s’est réjoui de cette enveloppe, le Minfi a estimé qu’il « faut aller meme jusqu’à 100 milliards de dollars, avec la différence que cette enveloppe n’est pas seulement pour les Etats africains, mais aussi pour les institutions comme la Banque africaine de développement qui ont également besoin de ces ressources pour lancer certaines opérations de développement ».
Si les dirigeants et les amis de l’Afrique ont aujourd’hui un objectif commun : faire en sorte que l’Afrique renoue avec les progrès remarquables en matière de développement dont nous avons été témoins avant la pandémie, « Au Fonds monétaire international, nous estimons que l’Afrique a besoin d’un financement supplémentaire d’environ 285 milliards de dollars d’ici à 2025 pour prendre des mesures adéquates face à la COVID-19 », a précisé Kristalina Georgieva, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI).
Si un moratoire a permis de donner un peu d’air aux pays les plus endettés sur le continent, la prochaine étape consisterait à effacer une partie des créances, dans une démarche coordonnée, sous l’égide du G20. Les dirigeants africains ont également insisté sur la nécessité de soutenir le secteur privé, et de sortir d’une logique d’assistance publique internationale conditionnée à de dures réformes. En particulier, Macky Sall, le président du Sénégal, a dénoncé le cadre « convenu » des contraintes budgétaires imposées aux pays africains, qui brident leur capacité d’investissement. Il a appelé à passer d’une logique d’assistance à une dynamique de « coconstruction » entre le continent et le reste de la communauté internationale.
Cette coconstruction pourrait-elle se concrétiser sur le plan sanitaire ? En effet, Emmanuel Macron a souligné que les participants avaient décidé une « initiative très forte pour produire massivement des vaccins en Afrique », avec en particulier des « financements de la Banque mondiale ». « Nous soutenons les transferts de technologie et un travail qui a été demandé à l’Organisation mondiale de la santé, à l’Organisation mondiale du commerce et au Medicines Patent Pool de lever toutes les contraintes en termes de propriété intellectuelle qui bloquent la production de quelque type de vaccins que ce soit », a déclaré le président français devant la presse à l’issue de la conférence.
Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, qui assure la présidence tournante de l’Union africaine (UA), a souligné que l’enjeu était aussi de convaincre les populations, en contrant le « travail de sape des réseaux sociaux qui ont diabolisé la vaccination ». Fin avril, son pays a dû rendre à l’initiative COVAX 1,3 million de doses de vaccins AstraZeneca faute de pouvoir les administrer avant leur date de péremption. Motif : défiance des populations à l’égard des vaccins. « Nous avons reçu 1,6 million de doses, on n’a réussi à vacciner que 10 000 personnes et pour la plupart des expatriés », s’est-il désolé.